Jusqu'alors
très discret, et cela malgré deux années d'existence, le format de
compression audio/vidéo Mpeg-4 commence à séduire un nombre croissant
d'acteurs. Il a pourtant longtemps peiné à s'imposer comme le digne successeur
des standards à succès que sont le Mpeg-1, dont est tiré le format audio MP3,
et le Mpeg-2, utilisé pour les DVD.
Alors
que le Mpeg-3 n'est jamais sorti (notamment pour éviter la confusion avec le
MP3, qui signifie Mpeg-1 Layer 3), le Motion Picture Experts Group (MPEG), un
consortium d'ingénieurs et d'industriels, a fixé la norme Mpeg-4 en 1999.
Depuis, peu ou pas grand-chose à signaler.
Or
cette année, le Mpeg-4 semble enfin percer. Pourtant, il ne s'impose pas où on
l'attendait, dans la vidéo numérique grand public ou encore la compression
sonore, mais dans les domaines de la téléphonie mobile et de la diffusion vidéo
sur le web.
Ainsi,
Packet Video, l'un des leaders de la vidéo sur appareil nomade basé à San
Diego, a signé le 18 juin 2001 un accord avec le géant de la téléphonie
mobile Siemens. Désormais, les opérateurs partenaires de Siemens utiliseront
sa technologie de streaming (diffusion en temps réel) au format Mpeg-4
pour effectuer leurs tests de diffusion de contenus multimédias sur les réseaux
mobiles à haut débit GPRS et UMTS.
Par
ailleurs, le 28 juin, Packet Video a signé avec le fabricant Sagem qui intégrera
la plate-forme Mpeg-4 de la société californienne dans son premier téléphone
GPRS, le WA3050.
De
son côté, Philips, le groupe néerlandais, a créé sa propre gamme de
logiciels de streaming baptisée MP4Net. En avril 2001, le groupe néerlandais
a également racheté les activités de la start-up israélienne Veon Ltd
pour développer des outils de création de vidéos interactives en Mpeg-4.
Bref,
le Mpeg-4 prend son envol. Mais pourquoi ? Tout d'abord, il constitue une
alternative aux technologies de Microsoft et de Real Networks qui se battent
actuellement pour devenir leader de la diffusion de contenus multimédias sur le
web.
Ensuite,
le format possède de nombreux atouts techniques, dont celui de permettre l'intégration
de contenus interactifs au cœur de séquences audiovisuelles de différents
formats. Par exemple : incruster une animation Flash 4 (le format
graphique de Macromedia) dans une vidéo compressée en Mpeg-2. Autre atout, le
Mpeg-4 s'adapte automatiquement au débit offert par la bande passante.
Ce
réveil suffira-t-il à l'imposer comme une réelle alternative face aux formats
propriétaires ? Ceux de Real Networks, Microsoft (WMA) et Apple
(QuickTime) offrent en effet d'autres atouts... Quant à l'hystérie anticopie,
elle incite déjà les gros producteurs de contenus à développer leurs propres
formats, "sécurisés" bien sûr.
Trois
critères déterminent le type d'application pour MPEG-4 :
![]() |
Contraintes
temporelles |
![]() |
Symétrie des moyens de transmission |
Les applications sont soit symétriques, soit asymétriques. Elles sont symétriques lorsque des moyens de transmission équivalents sont exploitables de part et d'autre de la communication.
![]() |
Interactivité |
Ces
trois critères mènent à huit classes possibles d'applications. Cependant,
seules cinq d'entre elles s'avèrent réellement intéressantes.
Temps réel |
symétrique |
interactive |
Classe 1 |
|
|
non interactive |
sans application |
|
non symétrique |
interactive |
Classe 2 |
|
|
non interactive |
sans application |
non temps réel |
symétrique |
interactive |
Classe 3 |
|
|
non interactive |
sans application |
|
non symétrique |
interactive |
Classe 4 |
|
|
non interactive |
Classe 5 |
Visiotéléphonie
Communication personne à
personne sans limitations liées à l'environnement ou au réseau utilisé. Cela
peut également inclure le transfert éventuels de données, pour des documents
auxiliaires par exemple.
Vidéotéléphonie
multiple
Communication impliquant plus de deux personnes, chacune en un lieu différent.
Les fonctionnalités de contrôle peuvent être soit propre au réseau soit
attaché à un terminal.
Vidéoconférence
Communication impliquant plus d'une personne par site.
Travail de
groupe
Implique simultanément l'interaction entre des personnes (vidéotéléphonie)
et des moyens de communication de données au moins aussi importantes que
l'information audiovisuelle.
Classe distante
symétrique
Cette application ressemble à la téléphonie et à la visioconférence. Elle
diffère de la téléphonie dans le fait que le contenu audiovisuel peut inclure
des scènes sans animateur et il y a en général un point de contrôle central
fixe qui envoie la scène à tout le monde et sélectionne la réception d'une
scène venant de quelqu'un.
Expertise
distante symétrique
Des experts sont consultés à partir d'un site distant.
Expertise
distante asymétrique
Les experts sont consultés
à partir d'un site distant. Il semble raisonnable de s'attendre à ce que
nombre de ces communications soient asymétriques avec un canal audiovisuel et
un canal exclusivement audio (les experts montrent des documents pour
illustrer).
Contrôle
distant et télésurveillance
Les données audiovisuelles sont collectées en temps réel à partir d'un
site distant pour une utilisation privée, typiquement par une communication
homme-machine. Il y a en général un canal audio-visuel à partir du site
distant et un canal audio et/ou un canal de contrôle dans l'autre sens puisque
ces applications incluent en général le contrôle distant par caméras et/ou
microphones.
Collecte
d'informations
Les informations sont collectés dans des sites distants ou il est difficile
d'établir une bonne qualité de connexion en un délai court. L'interaction
est en général assez faible, typiquement limitée à un canal de retour audio.
Classe distante
asymétrique
La situation la plus courante est lorsqu'il y a un point central qui envoie
des informations audiovisuelles et des postes de réception, en général moins
onéreux, qui ont comme seule possibilité de participer par un canal audio.
Messages
multimédia
Des messages contenant
texte, audio, vidéo et graphiques sont envoyés à travers tout réseau ou
groupe de réseaux à une boîte aux lettres située dans le réseau ou à la
destination locale. L' E-mail en est une application courante.
Récupération
de bases d'informations
Des informations
audiovisuelles sont récupérées à partir d'une base d'information selon des
critères personnels. La récupération à distance implique des situations de
transmission plus ou moins complexes. Cela offre de nombreuses applications
comme la vidéo à la demande, télé-shopping, tourisme, encyclopédies, presse
électronique, etc...
Jeux
Des jeux interactifs audiovisuels tournent à partir d'un serveur distant ou
avec d'autres personnes via un serveur distant. Un canal retour envoie au
serveur les réactions du joueur.
Présentations
multimédia
Présentations multimédia
locales ou distantes ou aucune interactivité n'est possible. L'utilisateur n'a
aucun contrôle sur les séquences du flux d'information.
Radiodiffusion
multimédia pour portables ou récepteurs mobiles
Radiodiffusion de programmes multimédia (basse résolution) pour portables
et récepteurs mobiles. De tous petits terminaux feraient office de sorte
de "game-boy".